Françoise Giroud - On ne peut être heureux tout le temps.

Publié le par bmasson-blogpolitique

Françoise Giroud

On ne peut être heureux tout le temps.

Editions Fayard – 2001

 

C’est une vieille femme qui écrit. Françoise Giroud a quatre-vingt-trois ans, mais elle a toute sa tête (p 23). C’est en tombant sur une caisse de vieilles photos qu’elle va partir à la pêche dans ses souvenirs. Elle interroge pour savoir si la « féminité strictement biologique » a totalement disparu chez les femmes de 45-50 ans. NDLR : En existe-t-il une autre ? Je la et vous rassure, non, elle n’a pas disparu (p 166). Elle est surnommée « ménopause café » quand elle était ministre de la cause des femmes, sous Valéry Giscard d’Estaing (p 238).  Proche de la mort, elle se demande si ce n’est pas irrespectueux envers la vie que de vouloir supprimer la fin de vie (p 19)

 

Elle a eu une vie trépidante, rencontrant énormément de sommités mondiales et françaises :

- Steve Jobs à Pittsburg en 1983 (p34),

- Valéry Giscard d’Estaing à qui elle voue une adoration sans borne (p 238),

- Jean-Jacques Servan Schreiber, avec qui elle va diriger le journal « L’Express » (p 83),

- Jean-Paul Sartre quand il publie des textes dans l’Express à partir de 1958, dont « La Question » d’Henri Alleg, ce qui provoquera la saisie du journal (p 180),

- Charles de Gaulle, soutenu par les généraux d’Alger qui ont fait pression sur Coty pour qu’il le rappelle au pouvoir en 1958 (p 232),

- Marcel Dassault* qui l’a aidée avec quelques chèques généreusement offerts,

*

L'affaire Dassault soulève la question du délai d’instruction dans les affaires d’atteintes à la probité (les procédures durent en moyenne 6 ans). Anticor déplore que 10 ans se soient écoulés entre les faits et le jugement en première instance rendu le 17 déc. 2020.

Anticor.

02 22

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- François Mitterrand pour qui elle a voté,

François Mitterrand aimait les ortolans.

Maurice Ulrich 

"L'Humanité"

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- Henry Kissinger à Washington,

etc.

 

Elle a traversé plusieurs périodes de dépression. A 70 ans, elle perd son amoureux, Alex Grall, qui décède de maladie (p 251) ; Mais elle avait failli se suicider quand Jean-Jacques Servan Schreiber n’a plus voulu être son amant, après dix ans de relation amoureuse. Ils continueront de travailler ensemble pour l’Express (p 214). Elle parle du lithium que les Romains connaissaient déjà, sans le savoir, le buvant dans les eaux thermales (p 21).

 

Elle a démarré sa carrière professionnelle, en 1930, sur le film « La Grande Illusion » de Jean Renoir. Elle y était script girl, présentant le panneau de clap (p 43). Puis, elle a bien gagné sa vie en écrivant des dialogues de films (p 120). Elle se demande si, en 2001, il faut « coucher » pour faire du cinéma et répond avec optimisme que non (p 46). Le mouvement MeToo la contredira quelques années plus tard. Elle aimait, sans retour, Marc Allégret, à qui elle a fait une scène de jalousie. Elle s’est promis de ne jamais en refaire et a tenu promesse. Elle se demande si le père de Marc Allégret savait à qui il avait confié son jeune fils, André Gide étant connu pour son homosexualité (p 47). Mais grâce à Gide, elle a rencontré beaucoup de monde (p 51).

Elle a aussi connu Jacques Becker, le réalisateur de « Casque d’Or ». Elle le qualifie de « poète » (p 160-161). Elle adorait le cinéma américain, le trouvant bien supérieur au cinéma français. Je pense qu’elle confondait « Universel » et « Universal » (p 234).

 

Elle a travaillé à « France-Soir », y écrivant des articles féminins, puis à « Elle » (p 88). Elle explique qu’au journal « Le Monde », il n’y avait aucune femme à la rédaction, de même qu’au « Figaro », et aucune femme chef de service à « France-Soir » (p 142).  Elle constate la rivalité entre les hommes et les femmes journalistes et regrette que les femmes n’aient pas eu assez d’argent pour obtenir le pouvoir dans les grands journaux (p 143). Elle se souvient qu’au « New York Times », un superviseur relisait chaque article écrit par les journalistes, n’hésitant pas à demander des précisions ou à faire réécrire des passages (p 113). Elle a aimé passionnément son « travail à foison » et ne «pratiquait pas de loisirs à foison ». Elle ne comprenait pas que les salarié.e.s demandent des réductions de temps de travail (p 203). Elle croyait aux dons et disait que tout est « inné » (oh, que non, NDLR) (p 204). Elle aimait les mots. « J’en voudrais toujours plus, des ronds des carrés, des longs, des poignées de toutes les couleurs pour pouvoir y plonger la main » Elle me fait penser au jeu télévisuel « Motus », présenté par Thierry Beccaro. (p 253).

 

Quand elle fut ministre de la Culture, entre 1974 et 1978) n’ayant aucun diplôme autre que celui de sténodactylo, elle répondit à un de ses détracteurs qu’elle était une « Agrégée de la Vie » (p 121).

 

Elle considère que le « bon mariage » était le seul avenir d’une jeune fille, quand elle était jeune. C’était une cage pour y couver des œufs. Mais elle a vu sa mère désargentée et suppliante envers ses frères, pour tenter d’en obtenir un peu pour survivre (p 119). Du coup, elle a refusé la dépendance et la domination masculine (p 120). Elle constate qu’Emma Bovary a  ruiné son mari en robes pour conserver son amant (p 133). Entre les hommes et les femmes, elle plaide pour « créer une nouvelle relation humaine, la plus fondamentale » (p 144). Elle justifie la dureté du combat entre les hommes et les femmes ainsi : « Nous sommes les contemporaines d’une révolution sans précédent, qui ébranle les fondements de la société, de la famille, et on voudrait que ça se passe comme un changement de gouvernement ! » (p 168) Elle a eu deux enfants, un garçon et une fille. Le père n’a pas reconnu son aîné qui se tuera en faisant du ski hors-piste (p 230).

 

 

 Elle ne parle pas d’avortement pour elle-même, mais elle cite le cas de Jacques Derogy* qui « fut exclu du Parti communiste par Maurice Thorez parce qu’il l’avait défendu » (p 140). Dans Wikipédia, c’est écrit que c’est lui qui quitte le Parti communiste.

 

Elle évoque l’intersectionnalité. « Le monde se divise entre dominants et dominés, et seuls les dominants respirent. Les filles étaient alors doublement dominées, et les filles pauvres triplement » (p 69).

 

Quand elle a répondu d’un « La prostitution est une affaire d’hommes », elle a subi des remontrances des dirigeants et des hommes de son camp politique (p 170). Elle a constaté que quand on « sort la tête hors de l’eau, on entre dans un champ de bataille où il faut savoir tirer » (p 176).

 

Et pour terminer, elle défend l’idée « qu’il faut croire en soi pour ne pas être l’objet des autres » (p 277).

 

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Jacques Derogy, de son vrai nom Jacques Julien Weitzmann, né le 24 juillet 1925 à Neuilly-sur-Seine, mort le 30 octobre 1997 à Neuilly-sur-Seine, est un journaliste français, pionnier du journalisme d'investigation.

Si la loi répressive de 1920 est l’obstacle le plus saillant auquel les militants du MFPF s’attaquent, ils doivent aussi affronter la solide muraille des conditionnements moraux et culturels. Or leur influence sur l’évolution des mentalités est grande et paralysante. Au moment où se crée la Maternité heureuse, le Parti communiste français, le Conseil de l’ordre des médecins et l’Église catholique, trois groupes aussi importants que distincts, mettent tout ce qui est en leur pouvoir pour retarder la moindre avancée de la planification familiale et du contrôle des naissances en France. Leur détermination ne réussira cependant pas à les freiner : en quelques années, le MFPF parvient à imposer un état de fait.
Parmi les événements qui ont permis et même accéléré la naissance de la « Maternité heureuse », en 1956, on a vu le rôle joué par l’enquête du journaliste Jacques Derogy sur le Birth control. Or Jacques Derogy est alors un jeune militant actif du Parti communiste. C’est pourquoi, lorsque paraît son livre, « Des enfants malgré nous », qui regroupe l’ensemble de ses articles parus dans le journal Libération, il en adresse naturellement un exemplaire au secrétaire général du PCF. Et quand il rédige ce petit mot d’accompagnement, « avec le sentiment de contribuer modestement à la libération de la femme qui ne s’achèvera que dans le communisme », il n’a pas conscience de la réaction à venir du Parti. La réponse de Maurice Thorez est cinglante : il met en garde le jeune militant contre « une politique qui risque d’aboutir à la réduction et à la suppression des allocations familiales et des avantages arrachés par la classe ouvrière en faveur de la mère et de l’enfant ».

https://www.cairn.info/liberte-sexualites-feminisme--9782707144898-page-39.htm

« Des enfants malgré nous »

Paris,

Les Editions de Minuit, 1956, 254 p.

Plaidoyer en faveur de la liberté en matière de propagande contraceptive et de vente des produits contraceptifs. 

A lire ici :

Résumé :

"Qu'est-ce qui m'empêche d'aimer ma vie ? Voilà la question la plus dangereuse, mais aussi la plus constructive qu'on puisse se poser à certains moments de l'existence. La réponse peut vous conduire à faire tout valser, ou changer de métier et décider d'habiter seule avec votre chat, par exemple. Dans la vie, rien n'est jamais joué si l'on se refuse à subir, à être l'objet des autres.
Tant bien que mal, avec des succès, avec des échecs, je me suis gouvernée quasiment depuis l'âge tendre; j'ai connu de grandes douleurs, de grands malheurs- on ne peut pas être heureux tout le temps, de grandes amours, des honneurs aussi...En fait, ce sont les premières quarante années qui ont été les plus dures... Quarante, oui. C'est absurde de croire que l'on est heureux parce qu'on est jeune. L'élan vital, c'est superbe. Ca ne suffit pas à vous dire ce que l'on fait sur terre.
L'idée d'écrire ce livre m'est venue un jour où je pestais contre de petites infirmités de vieillesse et où j'ai laissé tomber un carton plein de photos. J'en ai accumulé en tous genres, avec les gens célèbres que j'ai interviewés dans quantité de circonstances de ma vie publique. Je me disposais à jeter tout cela et puis une photo décolorée, une Polaroïd m'a accroché l'oeil. Elle fixait un moment que j'avais complètement oublié et qui résonnait avec le présent. J'ai pensé que j'allais m'en emparer et, à partir de là, voyager dans le passé en zigzags, au gré des photos qui me tomberaient sous la main.
C'est une façon très peu orthodoxe de construire, mais elle est plus proche de la mémoire que ne le sont... les mémoires ! "

 

"Old lives matter" 

"Les vieilles et les vieux comptent aussi."

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The old ones.

Les vieilles.

 

Oakland-based artist Jon Carling's work has been described as imperfectly precise, and otherworldly. Childhood imagination haunts his drawings.

Le travail de l'artiste basé à Oakland, Jon Carling, a été décrit comme imparfaitement
 précis et d'un autre monde. L'imaginaire de l'enfance hante ses dessins

Scratchy black and white drawings and the ink meanderings of artist Jon Carling have always caught our eye.

Les dessins éraflés en noir et blanc et les méandres à l'encre de l'artiste Jon Carling ont 
toujours attiré notre attention.

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Féminisme. "Partout où l'homme a dégradé la femme, il s'est dégradé lui-même".

Charles Fourier, philosophe.

"L'Humanité"

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Emilie Fischer 
Paris 
Graph
"Je suis né-e optimiste. Je suis né-e ainsi.  Pensez au bon côté des choses.
 Parce qu'après tout, c'est tout ce que nous avons".
 
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En 1983, trois vieilles dames racontent leur mariage. Entre viols, soumission à leur mari qui tenait les cordons de la bourse et grossesses multiples (l'une des dames a eu 8 enfants dont seulement trois étaient désirés), elles montrent que le mariage, ce n'était pas mieux avant.

Ina.fr

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Publié dans mes poésies

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