Feuille de route pour les femmes de ménage grecques

Publié le par bmasson-blogpolitique

A Athènes, en juillet 2015

Feuille de route pour les femmes de ménage grecques

Juillet 2015.

Elles félicitent les ministres Varoufakis (ex-ministre des finances grec) et Katrougalos (ministre de la fonction publique et leur avocat) pour leur aide. Elles ont gagné leur bataille, ont été réintégrées et le 09 juillet 2015, elles ont reçu leur feuille de route.

Feuille de route pour les femmes de ménage grecques
Feuille de route pour les femmes de ménage grecques

Despina et Georgia (07/15).

Elles n’étaient pas habituées à réclamer, à revendiquer. Dans leur syndicat, elles avaient un contact indéterminé mais c’était la première fois que l’on renvoyait des fonctionnaires. E une nuit, 100 ans de protection des travailleurs et de luttes ont été abolis et les syndicats ne les ont pas protégées. Il y a eu ensuite quelques règlements de compte musclés dans les syndicats. Le changement de certains responsables est à penser.

Dans le domaine privé, il n’y a plus de droits. Il peut y avoir trois, quatre ou sept mois de retards de paiement de salaires sans possibilité de réclamer. Le travail au noir est un problème. Les salariés saisonniers connaîssent aussi des tour de rôle pour le chômage une année sur deux.

C’est le statu-quo international. Le gouvernement grec demande que les droits soient les mêmes dans tous les pays européens.

En France, elles rappellent que depuis septembre 2013, tout se fait par décret et pas par la négociation.

Le comportement de la police à leur encontre a changé après les élections de janvier. Avant, ils étaient violents avec elles.

La solidarité spontanée des passants qui apportaient des médicaments, de la nourriture, des vêtements, de l’argent leur a permis de tenir.

Elles remercient aussi l’aide étrangère.

Elles étaient à Marseille en avril 2015, au siège du PCF.

Les femmes de ménage grecques sont en lutte.

La lutte des femmes de ménage du ministère de la finance grecque.

Lili prend la parole :

« C’est un grand honneur pour nous d’être là et en même temps, nous avons fait ce que nous devions faire. La Grèce connaît une crise humanitaire et le chômage est en hausse. Quand elles étaient femmes de ménage, elles pensent que le gouvernement précédent voulait détruire le maillon faible et voulait les laisser pour compte. « Vous n’êtes plus valables. Nous ne voulons plus que vous existiez. »

595 femmes se sont réveillées un matin sans travail. A ce jour, cela fait 22 mois qu’elles sont dans la rue pour revendiquer. Le nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras a changé la donne et elles espèrent leur réintégration.

Le 7 mai 2015, un projet de loi permettra à 4 000 fonctionnaires ou assimilés par contrat de retrouver leur poste. Leur vie changera. Cette date est symbolique pour elles : depuis un an, elles y sont nuit et jour.

Comment ont-elles créé un rapport de forces, comment ont-elles tenu le coup ?

En août 2013, 5 ou 6 femmes licenciées ont fait connaissance et ont commencé la lutte. Comment s’organiser et se rendre visible ?

Elles ont créé un comité de coordination dans le but de rencontrer les femmes se trouvant dans la même situation, à Athènes ou dans toute la Grèce.

Quotidiennement, 10 à 15 femmes se sont trouvées sous les fenêtres du ministère des finances qui les avait licenciées.

Le ministère a été dérangé tous les jours. Parfois, elles suivaient un responsable partout où il allait.

Elles ont alerté les médias. Les autorités les ont présentées comme étant à moitié folles.

Pendant huit mois, elles ont demandé une audience. Elles voulaient savoir pourquoi leur branche professionnelle avait été choisie quand elles sont utiles et faiblement payées. Ce n’était donc pas pour faire des économies ?

Le travail de nettoyage ne s’est pas arrêté pour autant. Il a été confié à une entreprise sous-traitante qui a gagné de l’argent.

Pour conclure, elle dira :

Nous ne comptons que sur nous-même. L’Europe devra faire avec nous et pour nous. »

Nikos Graikos est le représentant de Syriza à Paris. Il accompagne en France deux femmes de ménage grecques en lutte dans leur pays pour leur réintégration.

Il présente rapidement la situation de la relation des dirigeants de la Grèce et des dirigeants européens.

Alexis Tsipras n’est plus le président de Syriza depuis qu’il est premier ministre.

Le 28 février 2015, la commission européenne n’a pas donné à la Grèce les 7,2 milliards promis. L’excuse donnée était qu’ils attendaient de voir la qualité des réformes. Le même scénario s’est reproduit le 23 mars. Cet argent existe. C’est donc un problème politique. Les intérêts des travailleurs grecs et de leurs familles ne sont pas ceux des grands financiers.

Qu’est-ce que Syrisa ?

C’est une coalition de la gauche radicale. C’est un regroupement de 14 composantes et d’une partie du Parti Communiste Grec. Depuis 2013, Syrisa est devenu un parti unifié.

L’avancée de Syrisa est due à la transformation de la crise de la dette, de la crise financière et économique en crise humanitaire.

Syrisa essaie d’être à l’écoute de la société et ne souhaite pas se présenter comme un guide des masses populaires.

Syrisa a effectué une analyse nationale et de ses classes.

Le chômage est passé de 9% à 27%, avec plus de 50% de chômage chez les jeunes.

Le pourcentage de la dette par rapport au PIB est passé de 110% à 175% après le plan de sauvetage.

Nikos Graikos précise que le PIB ne montre pas les inégalités des richesses dans le pays.

Les citoyens sont actifs et participent à la vie de la société. Avant ce nouveau gouvernement, la société était gérée comme une entreprise, avec des citoyens corvéables à merci, soumis et licenciables. Les Comités de quartier n’ont pas appelé un numéro spécial de téléphone « SOS Syrisa habitations » pour empêcher la confiscation des logements à caractère d’habitation principale.

Il n’y avait pas de solidarité en Grèce avant le nouveau gouvernement, contrairement à la France.

Aube Dorée n’a pas pris d’ampleur. La bataille idéologique a été gagnée par Syrisa. Les fascistes ont créé un nouveau parti (le fleuve) pour bloquer Syrisa dans les médias.

De nombreuses assemblées citoyennes ont eu pour objet la discussion du programme politique en profondeur :

  • traitement de la crise humanitaire
  • relance de l’économie
  • conquête de l’emploi et droits des travailleurs (qui ne connaissent que les conventions individuelles).
  • Avancée sociale et économique de pair avec une réforme des institutions et de l’Etat.

Après l’élection anticipée du 25 janvier 2015, Syrisa a fait une alliance avec les Verts. La prise de pouvoir n’est pas une alternance, mais est une véritable alternative. Le gouvernement s’est nommé « gouvernement de salut social ».

Alexis Tsipras a prêté serment la main sur la Constitution et non sur la Bible. C’est le signe d’une politique novatrice. Il a déposé une gerbe de fleurs dans le quartier athénien de Kessariani sur le monument aux 200 héros communistes de la Résistance exécutés par les nazis le 1er mai 1940. Ce sont des actes symboliques forts. Ce gouvernement se place dans la lignée historique de résistance.

Syrisa défend une autre politique européenne. Les candidats ont signé pour un code de déontologie sur la base de ce programme. Ils ne peuvent pas agir de manière personnelle.

Des initiatives ont été prises pour changer l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Il y a eu un remaniement du secrétariat de Syrisa. Les ministres ne peuvent plus en faire partie et Syrisa peut critiquer les actions du gouvernement. La coalition continue d’être présente en Grèce et continue de revendiquer.

La télévision publique grecque a été ré ouverte le 29 avril 2015.

Syrisa souffre de la propagande des médias privés. Des manifestations de casseroles vides, comme au Chili en 1971 contre Allende, ont lieu en Grèce.

Des voyages solidaires sont organisés pour la Grèce. Les participants apportent des médicaments dans les centres médicaux.

Une campagne de collecte d’argent va être organisée en Europe.

Publié dans Politique

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