Mes péripéties pour filmer Yanis Varoufakis
Mes péripéties pour filmer Yanis Varoufakis.
Fête de l'Humanité
Septembre 2015
Je suis arrivée sur l'Agora de l'Humanité une heure avant l'apparition de Yanis Varoufakis dans l'espoir de trouver LA chaise qui se libérerait, de préférence située dans les premiers rangs pour ne pas dire dans le premier - il ne faut pas rêver tout de même- et face à la scène.
Armée de mon appareil photo, j'attends le moment de fixer sur la pellicule celui qui a été la bête noire de la Troïka cet été en Grèce. Quelle carte de visite! En voulant le faire taire, en humiliant les Grecs et en refusant de négocier avec Varoufakis, ses ennemis en ont fait une « economic star"! Après, il ne faut pas s'étonner que les « gens de gauche » aient envie de le voir et se reconnaissent en lui. Toutes les portes de la gauche en Europe et dans le monde lui sont ouvertes.
VIDEO. Yanis Varoufakis "d'accord à 80%" avec Emmanuel Macron
"J'apprécie beaucoup Macron." L'ancien ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, s'est laissé aller à cette confidence étonnante à propos du ministre de l'Economie français, vendredi 25 ...
Ah la, la....Pas d'accord du tout....
Pas de chance: je ne suis pas seule. C'est même le contraire. Ils se sont tous donnés le mot! Ils sont là et aucune chaise n'est libre. Personne ne quitte l'Agora pour aller vers d'autres horizons, d'autres débats? Mais ils sont arrivés à quelle heure pour pouvoir bénéficier des meilleures places? Si maintenant, à la fête de l'Humanité, il faut venir à six heures du matin pour garder au chaud LA chaise, ça va poser un problème...N'imaginons pas qu'il faille instaurer un système de location de chaises ou bien organiser le jeu des chaises musicales. Au signal, « Top! » tout le monde se lève et change de place. Au plus fort la pouque...
Regard circulaire: il y encore des places au sol. C'est moins bien pour la vue, mais on a l'ambiance.
Ah! Là-bas, il y a une place sur le côté, le long du mur. Ce sera mieux d'être assise en tailleur et adossée. L'heure approche. De plus en plus de public. Je me relève. Tant pis, je resterai debout le temps de l'interview publique. Si je veux le filmer, ce sera la meilleure solution.
Alors je me rapproche de la scène. Au pied de l'estrade, j'aurai peut-être la chance de l'apercevoir de près. Si je place bien ma caméra entre les tubes de sécurité, je peux prétendre avoir quelque chose de pas trop mal. Je me place à gauche du sol vénéré, et une généreuse jeune femme me permet de me placer devant. C'est le must! .. Je ne pouvais pas espérer mieux...
Les minutes s'égrènent. J'observe ce qu'il se passe et patatras, je m'aperçois que je le filmerai de dos. Pourquoi? C'est tout simple. Le preneur d'image officiel du journal l'Humanité est assis en face. S'il s'est placé là, à cet endroit précis, ce n'est pas pour filmer les pâquerettes!
Pas de chance: je ne suis pas seule. C'est même le contraire. Ils se sont tous donnés le mot! Ils sont là et aucune chaise n'est libre. Personne ne quitte l'Agora pour aller vers d'autres horizons, d'autres débats? Mais ils sont arrivés à quelle heure pour pouvoir bénéficier des meilleures places? Si maintenant, à la fête de l'Humanité, il faut venir à six heures du matin pour garder au chaud LA chaise, ça va poser un problème...N'imaginons pas qu'il faille instaurer un système de location de chaises ou bien organiser le jeu des chaises musicales. Au signal, « Top! » tout le monde se lève et change de place. Au plus fort la pouque...
Regard circulaire: il y encore des places au sol. C'est moins bien pour la vue, mais on a l'ambiance.
Ah! Là-bas, il y a une place sur le côté, le long du mur. Ce sera mieux d'être assise en tailleur et adossée. L'heure approche. De plus en plus de public. Je me relève. Tant pis, je resterai debout le temps de l'interview publique. Si je veux le filmer, ce sera la meilleure solution.
Alors je me rapproche de la scène. Au pied de l'estrade, j'aurai peut-être la chance de l'apercevoir de près. Si je place bien ma caméra entre les tubes de sécurité, je peux prétendre avoir quelque chose de pas trop mal. Je me place à gauche du sol vénéré, et une généreuse jeune femme me permet de me placer devant. C'est le must! .. Je ne pouvais pas espérer mieux...
Les minutes s'égrènent. J'observe ce qu'il se passe et patatras, je m'aperçois que je le filmerai de dos. Pourquoi? C'est tout simple. Le preneur d'image officiel du journal l'Humanité est assis en face. S'il s'est placé là, à cet endroit précis, ce n'est pas pour filmer les pâquerettes!
Vite, branle-bas de combat: il faut traverser la scène et trouver une toute petite place à droite de l'estrade. Il y a déjà un petit groupe, trouverai-je un accueil chaleureux et compréhensif?
Mon estafette part en premier repérer l'espace. Personne ne dit rien. Elle me fait un signe: « Tu peux venir! C'est bon. » Alors, je franchis ces quelques mètres salvateurs et je me positionne en « pôle position ». Je suis devant, au coin, je vois toute la scène, je sais sur quel fauteuil Varoufakis va s'asseoir et je ne dérange personne. Prête? Oui, prête.
La vue de ma caméra va déclencher une tempête de vociférations, de déchaînement de méchanceté, de tentative d'humiliation.
Mon voisin de droite va rouspéter dans les formes et sur le fond. Il y met le ton, paternaliste et hautain. Je le dérange, je suis mal élevée pour oser me placer devant LUI et il me demande pour quel journal je travaille. Je vais me trouver dans son champ de vision. Je vais l'empêcher de filmer. Sa carrière est brisée. Bouh !
Quelle mauvaise foi! Nous tournerons tous les deux nos caméras vers la gauche. Je ne le dérange pas. Il utilisera un zoom et il me prend pour une idiote.
Il se présente, « Je suis M...-... du P..., réalisateur ». Moi: « Brigitte Masson, militante! »
Il affiche ses 500 000 visiteurs sur Youtube. Pfff! C'est tout pour un illustre cinéaste? Moi, en totalisant tout, je dépasse les 120 000 et je ne suis pas connue.
Il a déjà tourné un film sur Mélenchon. L'égalité homme/femme est loin d'être gagnée avec des hommes de gauche pareils !
Son ami, de mèche avec lui, se présente en tant que journaliste à l'Huma, ça fait bien, et me crache aussi des reproches. Mais si il est de l'Huma, pourquoi n'est-il pas directement sur la scène ? Moi, j'aimerais bien avoir une carte professionnelle pour pouvoir me faufiler où je veux et monter là-haut, sans avoir à jouer des coudes et entendre des méchancetés. Il mesure plus d'un mètre quatre-vingts et me dépasse largement d'une tête. Je ne pouvais pas le déranger non plus. J'avais envie de leur demander à tous les deux leur carte de presse. Je ne l'ai pas fait, usant d'autres arguments.
« Quand j'ai demandé des conseils aux hommes qui auraient pu m'aider, ils ne l'ont pas fait, conservant jalousement leur pouvoir en audiovisuel. Maintenant, vous pouvez m'insulter, me frapper, me menacer, je ne céderai pas! Tout au plus, pouvons-nous échanger nos places, vous vous trouverez à ma gauche et moi à votre droite, ceci dans un esprit d'apaisement.»
Le plus vindicatif a râlé encore pendant cinq minutes, et voyant que je ne bougeais pas, il a accepté ma proposition. J'avais gagné, mais à quel prix! Je ne me suis pas faite éjecter de l'espace public. Il m'a vue comme une concurrente et il s'était dit que j'allais céder rapidement devant sa haute autorité, sa verve et son harcèlement agressif. Encore un qui n'aime pas que les femmes soient ailleurs que dans leur cuisine.
Voici mes photos et mes images filmées après une haute lutte pour obtenir une place favorable et avec une grande détermination féministe pour aller jusqu'au bout..."On lâche rien!"
PS: Regardez et observez qui est photographe et qui tourne des films la prochaine fois que vous serez dans une manifestation. Vous m'en reparlerez plus tard.
Yanis Varoufakis à la Fête de l'Humanité
Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité a interviewé Yanis Varoufakis.
Ces journalistes ne sont pas en cause....mais "...où sont les femmes....."?
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Arles
La femme photographe