Patricia Guerrero - Danse flamenco

Publié le par bmasson-blogpolitique

Danse flamenco

Patricia Guerrero- ‘Touché’

Guitare : Juan Campallo

Chant : Miguel Ortega

Percussion : Agustin Diassera

Violon : Bruno Axel.

Elle a une robe noire avec une traîne longue comme celle d’une robe de princesse royale qui va se marier. Elle est noire, d’un tissu scintillant. Le dessous de la traîne est rouge, de sang.

Quand elle porte la traîne contre son corps, elle se transforme en robe de soirée très distinguée, à froufrous. Posée et ceinte dans ses pieds, elle devient la stèle d’une statue de la danse. Traînant par terre, à ses arrières, voilà la queue d’une sirène. C’est la robe idéale. Celle que l’on rêve de porter une fois.

Le foulard est un clin d’œil à la tradition. De longs fils noirs s’en échappent. Elle s’en est enveloppée en le croisant sur son buste de tissu beige, attaché dans son dos. C’est une guerrière lumineuse.

Elle danse chaque danse avec une robe différente. C’est incroyable comme la robe est vivante. Elle peut l’attraper par derrière et la faire passer entre ses jambes, ramenant la pointe devant elle, la balançant. Elle peut la relever en montrant une seule jambe, parfois les deux. Elle peut la relever plus encore pour dévoiler les genoux, voire le début d’une cuisse. Elle prend une pointe et la plie de biais ou l’étale avec son bras vers l’extérieur de son corps. Elle prend aussi les deux pointes et les remue de l’extérieur vers l’intérieur. Quand elle agite délicatement ses doigts au bout de ses bras relevés au-dessus de sa tête, la robe tombe le long du corps, dévoilant toute sa féminité. Mais, cet instant fugace cesse quand, d’un coup de pied, tout l’édifice tranquille se désarticule et suit la danseuse. C’est l’élégance dans chaque geste et dans chaque enchaînement. C’est la force dans ses gestes brutaux, quand elle tape sur les cuisses, ou sur les genoux, transformant son corps en percussion.

Des coups de pied féroces, des ruades, des tapements de talons, des rugissements du sol montent, fougueux, elle part en transe. Mais c’est une transe maîtrisée qui s’arrête avec la musique. Nous sommes subjugués par cette vitalité, ce mélange de féminité et de rudesse. Elle tourne en se cambrant à l’arrière sur un axe virtuel et penche sa tête vers le bas. Puis, tout à coup, elle s’arrête et face au public, elle nous dévisage, sérieuse. On l’entend, un mot, en espagnol. Que nous dit-elle ? Son visage est figé.

Elle se détend au fil du spectacle, et c’est une danseuse de flamenco radieuse et souriante, heureuse d’être avec nous qui se dévoile.

Parfois elle prend la pose des déesses hindoues qui ont les bras en angle droit autour de leur tête. D’autres fois, on pense à Ginger Rogers dansant avec Fred Aster, étirant ses pieds pour s’ajuster à son partenaire. Et pourtant, elle danse seule.

Pas si seule que cela. Ses musiciens sont ses partenaires. Eux aussi la regardent, l’épient, la suivent, s’adaptent, l’accompagnent. Le violoniste est un virtuose. Il use de samplers pour les échos et enregistre ses rythmes. Le guitariste est plein d’entrain du sud de l’Espagne et le percussionniste invente des sons étranges, envoûtants. Le chanteur de sa voix rocailleuse la suit avec sa mélopée singulière. « Oy, oy, je me plains et je vais vous raconter une histoire, oyyyyyy, oyyyyy, mi corazon »

La lumière enveloppe dans des cylindres ou des cubes lumineux emplis de volutes gazeux les protagonistes.

Dans la vie, ce n’est pas une très grande femme, de taille, mais sur scène, elle est immense.

Ma voisine a apprécié le spectacle : « Elle a modernisé le flamenco ».

Publié dans spectacles

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