Juliette Drouet - Lucrèce Borgia - F. Lemaître
Juliette Drouet
Juliette Drouet (1806-1883) ne fut pas seulement la compagne au long cours du grand poète français. Elle fut aussi une inlassable épistolière.
Juliette Drouet, de son vrai nom Julienne Gauvain, est née à Fougères* le 11 avril 1806 dans une famille d'artisans toiliers. Elle perd sa mère à l'âge de quelques mois, et son père à un an et demi.

* Fougère et ombre

La fougère déploie ses ailes
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Les fougères
Les fougères
Digèrent,
Prospèrent,
Espèrent,
Vitupèrent,
S’aèrent,
Gèrent,
Opèrent.
Elles ne sont jamais vénères….
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Elle est placée, comme son frère et ses deux soeurs, en nourrice, puis dans un couvent de Fougères, avant d'être recueillie par un oncle, René-Henry Drouet, qui s'établit à Paris.
Ne pouvant subvenir à ses besoins, son oncle et sa tante, séparés, la placent dans un couvent parisien, chez les dames de Sainte-Madeleine, rue Saint-Jacques, entre 1816 et 1821. On ignore quelle vie elle mena exactement pendant les années qui suivirent : elle ne s’en souviendra qu’avec répugnance, évoquant le « ruisseau » où elle était alors tombée. En 1825, elle est la maîtresse du sculpteur James Pradier qui l'a représentée dans une statue symbolisant Strasbourg, à la Place de la Concorde à Paris. Ils ont eu une fille ensemble, Claire. Sur les conseils de Pradier, elle a commencé une carrière d'acteur en 1829, d'abord à Bruxelles, puis à Paris. C’est à cette époque que Gauvain a commencé à utiliser le nom de famille de son oncle, Drouet.
Décrite par ceux qui la connaissaient comme indépendante, impulsive et colérique, elle a également été considérée par la société parisienne comme une courtisane typique qui s’habillait magnifiquement, qui a dépensé de l'argent d'une manière extravagante, et qui était extrêmement belle. Drouet avait un teint limpide, les yeux brillants, un nez fin et ciselé, une petite bouche pourpre située dans un visage ovale, encadrée par une masse de cheveux bleu-noir.
En 1833, tout en jouant le rôle de la princesse Négroni dans Lucrèce Borgia*, elle a rencontré Victor Hugo. Elle a abandonné sa carrière théâtrale ensuite et a consacré sa vie à son amant. Son dernier rôle a été celui de Lady Jane Grey dans « Marie Tudor » de Victor Hugo. Elle est devenue la secrétaire d’Hugo et son compagnon de voyage. Pendant de nombreuses années elle a vécu une vie cloîtrée, ne quittant la maison que pour son travail avec Hugo. En 1852, elle l'a accompagné dans son exil à Jersey, puis à Guernesey en 1855. Elle lui a écrit des milliers de lettres tout au long de sa vie, qui témoignent de son talent d'écriture selon Henri Troyat qui a écrit sa biographie en 1997.
Juliette Drouet est morte à Paris le 11 mai 1883 à l'âge de soixante-sept ans

Charles-Emile Callande de Champmartin
1797 – 1883
Juliette Drouet
Huile sur toile
1827
Juliette Drouet est de 1833 à sa mort la maîtresse aimée et fidèle de Victor Hugo.
Maison de Victor Hugo
Place des Vosges

Jean-Etienne Chaponnière
Juliette Drouet
1806 – 1883
Plâtre patiné
1832
Elle est représentée dans le rôle de Marie d’Ostanges, personnage féminin de la pièce L’Homme au masque de fer de Fournier et Arnould (1832).
Maison de Victor Hugo
Place des Vosges
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*
Bartolomeo Veneto (Anonyme d’après un original perdu de)
Venise, connu de 1502 à 1555
Portrait présumé de Lucrèce Borgia
Vers 1510/1520
Huile sur toile transposée sur bois
Nîmes
Musée des Beaux-Arts

Pietro Francesco Mazzuchelli, dit Morazzone
Morazzone, près de Varèse, 1573 – 1626
La mort de Lucrèce
Première moitié du XVIIe siècle
Huile sur toile
Nîmes
Musée des Beaux-Arts
Elisabeth de Gramont
Au temps des équipages - Mémoires
Les Cahiers Rouges – Grasset – 2017 – Première édition en 1928
P 172 :
Sarah Bernhardt (….) « lourde de soixante-cinq années, ayant une jambe de bois, trouve encore, pour persuader le duc de Ferrare, dans Lucrèce Borgia, les accents les plus enchanteurs que j’ai jamais entendus au théâtre. »

Jacques Réattu
Arles, 1760 – 1833
La mort de Lucrèce
Marseille, 1796
Huile sur toile
Musée Réattu
Arles

Lucrèce et Collatin
Sienne
3 e quart du XVe s
Petit palais
Avignon

Anonyme
Italie
Seconde moitié du XVIIe siècle
Mort de Lucrèce
Huile sur toile
Exemple de vertu romaine, Lucrèce se perce le cœur d’un poignard, ne pouvant supporter l’outrage de Sextus Tarquin (Tite-Live, Histoire romaine, I). Son cousin Brutus, en vengeant sa mort, provoque la chute de la monarchie étrusque de Rome.
Musée des Beaux-Arts
Caen
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Anonyme
Italie
Mort de Lucrèce
Caen
17e s.
Huile sur toile
Musée d'art
NDLR: quelle belle poitrine!
Lucrèce se perce le coeur d'un poignard, ne pouvant supporter l'outrage de Sextus Tarquin.
En vengeant sa mort, elle provoque la chute de l'empire étrusque de Rome.
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Victor Hugo, mon amour.
Acteurs : Anthéa Sogno & Sacha Petronijevic
Rencontre, désir, amour, jalousie, exil, c’est l’histoire de ce couple mythique et mémorable qu’ont formé Juliette Drouet et Victor Hugo.
Les lettres que Victor et Juliette se sont écrites sont si belles, qu’une simple lecture aurait suffi à nous enchanter.
FEMINA : « Un hommage drôle et émouvant, un beau portrait de femme engagée, amoureuse et fidèle, très justement interprété. »
Pour Simone de Beauvoir, plus un homme amoureux multiplie les demandes à son amoureuse, plus elle se sent comblée. Victor Hugo impose la réclusion à Juliette Drouet et cela lui pèse. Mais elle semble heureuse de lui obéir et d’agir selon sa volonté pour lui faire plaisir.
De plus, elle ne retourne pas ses colères contre elle-même. Juliette Drouet, dans l’ombre de Victor Hugo, a trouvé sa place qui est totalement justifiée tant qu’elle aime et qu’elle est aimée.
« Il faut toujours en revenir au même point de départ, c’est-à-dire à t’attendre éternellement. », écrit-elle à Hugo.
« Je vous attends ainsi qu’un écureuil* en cage ! ».
*

Ecureuil
Graph
Marseille
« Mon Dieu ! que c’est donc triste pour une nature comme la mienne d’attendre depuis un bout de la vie jusqu’à l’autre. »
« Quelle journée ! j’ai cru qu’elle ne passerait pas tant je t’ai attendu et maintenant je trouve qu’elle a passé trop vite puisque je ne t’ai pas vu… »
« Je trouve la journée éternelle. »
« Je vous attends parce qu’après tout j’aime encore mieux vous attendre que croire que vous ne viendrez pas du tout. »
« Je t’aime mon Victor bien-aimé, écrit-elle en 1841, mais j’ai le cœur triste et plein d’amertume ; je te vois si peu, si peu, et le peu que je te vois, tu m’appartiens si peu que tous ces peus là font un tout de tristesse qui m’emplit le cœur et l’esprit. »
Sa jalousie :
Juliette Drouet connut les affres du soupçon à propos de toutes les femmes qu’approchait Hugo, oubliant seulement de craindre Léonie Biard*, qu’il eut pendant huit ans pour maîtresse.
Page 567, tome 2.
* Léonie Thévenot d’Aunet, née à Paris en 1820 et morte dans le 1ᵉʳ arrondissement de Paris le 21 mars 1879, est une romancière, nouvelliste, dramaturge et exploratrice française

Arsène Garnier
1822 – 1900
Juliette Drouet à Guernesey
1868
Juliette Drouet à l’époque où elle vivait à Hauteville House 2
Maison de Victor Hugo
Place des Vosges

Jules Bastien-Lepage
1848 – 1884
Juliette Drouet
1806 – 1883
Huile sur toile
1883
Ce portrait est le dernier représentant Juliette Drouet avant son décès en 1883.
Maison de Victor Hugo
Place des Vosges

Frédérick Lemaître
Le Havre, 1800 - Paris, 1876
Portrait en buste
Le Havre
MUMA
Acteur, il devient l'un des grands noms du théâtre du Boulevard en interprétant, entre autres, "Lucrèce Borgia" et "Ruy Blas".
Une estime réciproque unit Victor Hugo et Frédéric Lemaître.
Il cite Hugo dans ses mémoires. Il a eu "le bonheur d'interpréter" ses oeuvres.
Hugo associe l'acteur "aux amis et alliés qu'il a reçus dans sa maison". Avec Lamartine, Delacroix, David d'Angers, Chateaubriand.
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Frédérick Lemaître
Comédien
Paris
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Page 409 – Frédéric Lemaître :
Jean-Claude Brialy, directeur du théâtre des Bouffes-Parisiens, rencontre, vers la fin de sa vie, Eric-Emmanuel Schmitt. Ils discutent de pièces de théâtre à jouer dans son théâtre et apprend que Schmitt a écrit une pièce pour Belmondo qui va interpréter Frédéric Lemaitre. « O rage ! O désespoir ! Frédéric Lemaître était l’autre grand personnage qu’avec Lacenaire j’avais toujours rêvé de jouer ! »
Jean-Claude Brialy
Le Ruisseau des Singes
Autobiographie
Robert Laffont – 2000
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