Summertime
Trois destins de trois garçons américains nous sont présentés dans « Summertime », Prix du Jury au Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2011.
La mère est partie du Mississipi pour rejoindre la côte californienne, d’où elle envoie de temps en temps des cartes postales laconiques dans lesquelles elle écrit qu’elle essaie de vivre mieux et tente de se requinquer.
La grand-mère silencieuse ne peut plus veiller sur eux. Elle-même nécessiterait d’être prise en charge par des services sociaux.
Robert a 14 ans et cet été sera l’été de son initiation : première bagarre à cause d’un couteau volé, premières amours avec une Afro-américaine, premier job (pompiste dans une station-service), premier cas de conscience quand il comprend que son frère aîné vole les jeunes femmes qu’il a fait boire lors des soirées passées avec lui.
Ce frère aîné a été rejeté de l’Université qui l’avait accueilli pour ses talents de footballeur. Il n’était pas à la hauteur des études et ne parvenait pas à réussir aux examens. Il ne travaille plus et exploite son entourage pour vivre.
Robert veille sur son petit frère qui a huit ans. C’est lui qui l’éduque, le soigne et le nourrit.
Les adultes vont mettre du temps à s’apercevoir que ces deux mineurs sont abandonnés par leur maman.
C’est le cas pour le proviseur du collège, puis du shérif du district. Mais la réponse de Robert leur suffit : « Ma mère est au travail… »
Jusqu’à ce qu’un adulte alerte les services sociaux….
L’image du film est superbe.
Les gros plans nous font ressentir la chaleur du Sud, la moiteur de l’air, la sueur des enfants, le bienfait des douches prises au dehors au bout d’un tuyau d’arrosage.
Le spectateur est happé dans le film, se demandant si l’histoire va tourner dans le sordide, l’horreur. Mais, nous suivons les questions de survie de Robert qui endosse des responsabilités qui ne relèvent pas de son âge.
Matthew Gordon, le réalisateur, souhaitait filmer une sorte d’anti-rêve américain. Il parvient à nous soutirer des larmes face à ce destin courageux mais malheureux de cet adolescent qui ne peut, seul, faire face à tant de difficultés….