Une grand-mère française

Publié le par bmasson-blogpolitique

Une grand-mère française

~~Une grand-mère révoltée. Et pourtant, elle ne devrait pas l’être. Elle a des amis et des amies, une famille. Elle a une position stable dans la société française. Elle est retraitée. Elle a dû être enseignante. D’après ce qu’elle explique à son amie sur ses loisirs, ses vacances et ses lectures en cours, elle était peut-être professeur d’histoire ou de français…

Une grand-mère française

Elle est passionnée par l’Egypte antique et par les Beaux Arts.

Une grand-mère française

Ou bien, elle travaillait dans le domaine de la Justice…Je l’imagine dans un poste à responsabilités. Elle a une façon de parler directe. Elle est sûre d’elle. Elle est protestante et elle vit sa foi dans notre société en militant au sein de la Cimade qui est un organisme qui visite les sans-papiers dans les centres de rétention et les aide dans leurs démarches administratives. Elle donne quelques jours de sa semaine au suivi des dossiers de ces pauvres malheureux échoués dans notre pays. Elle se demande si c’est très utile. Elle a un doute. La semaine dernière, elle a envoyé de chez elle un rapport à l’administration et elle se demande s’il est lu…

L’accompagnement de ces hères à la dérive a des limites et elle entrevoit celles-ci. Mais il faut bien de l’humain dans ces centres où l’humain n’est pas pris en considération… Elle parle de sa belle-fille et elle s’insurge contre elle. Sa belle-fille n’apprécie pas ses activités militantes de solidarité pour ces personnes en souffrance. Elle l’embête en utilisant la garde de ses petites filles pour lui faire annuler ses permanences. Elle laisse ses filles à la grand-mère en fonction de ses humeurs : un coup oui, un coup non ! Sa belle-fille ne la comprend pas et se demande pourquoi elle donne bénévolement de son temps à des êtres humains qu’elle ne connaît pas et qui ne seront pas reconnaissants de son investissement !

Une grand-mère française

Elle se questionne aussi sur la société capitaliste et elle parle à son amie d’un écrivain à la mode ces temps-ci : Max Weber qui a écrit un livre sur l’ambiguïté des protestants vis-à-vis du capitalisme. Elle cite ce qu’elle a entendu tout au long de sa vie religieuse : « Il est écrit dans les textes que l’on est un élu quand on gagne de l’argent… »Weber, en 1904, a présenté le protestantisme comme l’un des agents les plus importants du développement du capitalisme et de l’industrie. Elle, elle trouve que la société « ne tourne pas rond ». Son amie s’amuse de son irritation. Elle ne comprend pas son pessimisme : « Mais, la société va encore changer … » « Hélas, ça n’en prend pas le chemin ! Plus le temps passe, moins ça s’arrange ! ». Elle a encore un autre sujet personnel de mécontentement. Sa petite fille présente des troubles « dys ». Sa mère lui a prédit son avenir. « Elle deviendra caissière dans un supermarché ! ». Cette réponse d’une diplômée de bac + 5 l’exaspère. Qu’est-ce qu’elle peut y faire ? Rien. Une grand-mère ne pèse pas lourd dans l’éducation d’une enfant dans notre société…Elle regarde impuissante grandir sa petite fille qui a besoin de soins et qui n’en bénéficie pas. « Il y aura bien un déclic ! » ponctue son amie. Oui, peut-être, s’il y en a un…En attendant, elle est en colère contre son fils et sa belle-fille qui ne prennent pas en compte les difficultés de leur fille…Eux ont bénéficié d’une éducation de qualité et renoncent à en donner une équivalente à leurs enfants.

Décidément, ces renoncements l’exaspèrent. Elle est très en colère…

Une grand-mère française

Publié dans mes poésies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article