« L’affaire Maurice Audin » Déclaration de Charles Silvestre à la fête de « l’Humanité ».

Publié le par bmasson-blogpolitique

« L’affaire Maurice Audin »

Déclaration de Charles Silvestre à la fête de « l’Humanité ».

Charles Silvestre est journaliste, secrétaire national des Amis de l’Humanité.

« Jacques Chirac et Lionel Jospin ont reçu en 2 000 un appel de douze personnalités, en tant qu’autorités de la République, pour reconnaître le crime de torture commis en Algérie contre des gens comme Maurice Audin et aussi contre les Algériens.

Qui étaient ces douze personnalités ?

Henri Alleg et Josette Audin. (Applaudissements).

Simone de Bollardière, une femme formidable. (Applaudissements) Elle est toujours vivante, est très âgée, et veuve du général Jacques Pâris de Bollardière, le plus décoré de la France libre. Quand la reine Elisabeth est venue en France, elle a demandé à rencontrer l’officier français le plus décoré au titre de la seconde guerre mondiale. On lui a répondu que le général de Bollardière était en forteresse. Il avait été condamné pour la dénonciation dans l’Express de la pratique de la torture en Algérie. »

« Gisèle Halimi n’entendait qu’un mot dans les tribunaux d’Alger de la part des spectateurs qui disaient « A mort » pour les détenus algériens qu’elle défendait pour qu’ils ne subissent pas la peine capitale. La guillotine a beaucoup fonctionné en Algérie, y compris contre des jeunes femmes.

Noël Favrelière est un parachutiste  qui a déserté quand on lui a demandé d’exécuter la corvée de bois contre un détenu. Il est parti avec lui, sans lui tirer dans le dos. Il a traversé toute l’Algérie jusqu’à la Tunisie. »

Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet ont joué un rôle énorme. Ils ont été magnifiques tous les deux et ont tout fait pour faciliter la lutte. (Applaudissements). Il y a aussi Laurent Schwartz, le président du comité Audin et le directeur de thèse de Maurice Audin. Leur affection était réciproque. Maurice Audin était communiste et Schwartz était trotskiste. Mais qu’un communiste soit anti colonialiste avait suscité de l’admiration. 

Une autre femme exceptionnelle, Germaine Tillion*. (Applaudissements)  Lors d’un moment de grâce - Henri Alleg et Germaine Tillion n’avaient pas la même position pendant la guerre froide qui a été terrible puisqu’une grande humaniste comme Germaine Tillion et un grand communiste comme Henri Alleg se trouvaient opposés- ont accepté de signer ensemble. Germaine Tillion ne voulait pas qu’on ré ouvre les blessures nombreuses de la guerre. Henri Alleg a fait inscrire dans le texte que la torture est fille de la colonisation et de la guerre. Germaine Tillion n’était pas anti colonialiste. Après Ravensbrück, elle pensait qu’il fallait sauver les gens martyrisés. »

 

Voici la liste complète (en 2 000):

- Gisèle Halimi, avocate
- Germaine Tillion, ethnologue
- Madeleine Rebérioux, historienne
- Pierre Vidal Naquet, historien
- Henri Alleg, ancien directeur du quotidien '"Alger républicain" et auteur d'un livre sur la torture, "La Question"
- Josette Audin, épouse de Maurice Audin, assassiné par ses tortionnaires
- Simone de Bollardière, veuve du général Paris de Bollardière, opposé à la torture et condamné à deux mois de forteresse
- Nicole Dreyfus, avocate
- Noël Favrelière, rappelé, déserteur
- Alban Liechti, rappelé, insoumis
- Laurent Schwartz, mathématicien, président du comité Audin
- Jean-Pierre Vernant, historien, résistant.

*

 

Germaine Tillion

Ethnologue

1907 – 2008

Etudiante de l’Institut d’Ethnologie rattaché au Musée d’Ethographie du Trocadéro, Germaine Tillion participe de 1927 à 1934 au classement et rédaction des fiches des collections ethnographiques du Musée. En 1934 elle part étudier pendant plusieurs années la société des Chaouïas en Algérie, dont elle consigne en détail les généalogies et les activités. De retour, début juin 1940, elle entend le discours de Pétain*, et s’engage dans la Résistance deux jours plus tard en liaison avec ses amis et collègues du Musée de l’Homme. Déportée à Ravensbrück en octobre 1943, elle décortique en ethnographe le fonctionnement économique du camp. A son retour en avril 1945, elle est chargée de l’homologation des membres du réseau et lui donne le nom de Réseau du Musée de l’Homme-Hauet-Vildé. Le 27 mai 2015, elle entrait au Panthéon.

Musée de l’Homme

Paris

Germaine Tillion  

En France, le 18 mars 1985.

Musée des Arts et Métiers 

Getty Image

Paris 

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*

"Il y en a même qui viennent déféquer dessus" : sur l'île d'Yeu, "l'encombrante" tombe du maréchal Pétain.

La dépouille de l'ancien militaire est de loin la plus visitée du cimetière communal, mais c'est rarement pour y déposer des fleurs. Les jours de commémorations, comme le 8-Mai, sont souvent des moments propices aux dégradations en tous genres. 

(…) Un positionnement différent lié au fait que l'ancien chef du régime de Vichy était frappé de l'indignité nationale au moment de sa mort, en juillet 1951.

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