Roland Gori et 'L'individu ingouvernable'.

Publié le par bmasson-blogpolitique

Roland Gori et 'L'individu ingouvernable'.

Roland Gori

Il a écrit 'L'individu ingouvernable'.

La démocratie ne peut se réinventer que par la politique et la culture, même si elle apparaît comme « inutile ».

La notion d'individu est apparue au 18e siècle. Personne n'est un individu isolé. La photo du petit enfant syrien mort sur les plages turques, Aylan Kurdi, rappelle notre vulnérabilité si personne ne aide à survivre.

La liberté requiert la présence d'autrui. Le libéralisme philosophique bride l'émancipation par une puissance tutélaire de la bourgeoisie.

Pendant la deuxième moitié du 19e siècle, des individus contractualisent pour vivre en société. Ca n'a pas marché. Hannah Arendt a travaillé sur le dédoublement de soi pour permettre la pensée.

Victor Hugo a travaillé sur les raisons de la chute de l'individualisation du libéralisme. On fait croire au travailleur qu'il est libre alors qu'on aliène sa force de travail.

Poème de Victor Hugo :
Melancholia (extrait)

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
O Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

    Victor Hugo, Les Contemplations, Livre III

Cosette

Cosette

Si les individus sont atomisés sans lien entre eux, le désert apparaît. On demande aux psychologues d'adapter les malades aux désert.

A la fin du 19e siècle et jusqu'aux années 1920/1930, la crise économique et financière ont fait que le libéralisme a failli. L'augmentation des richesses collectives s'accompagnait de l'augmentation de la pauvreté.

Les individus ont été arrachés à leurs liens sociaux et familiaux qui constituaient leur identité.

Et la bourgeoisie a peur devant les demandes de partage du gâteau.

Pour Roland Gori, le Taylorisme avec ses Machines est du Technofascisme.

L'individualisme, telle semble en effet être la matrice de tous les maux, les « eaux glacées du calcul égoïste » comme disait Marx.

En 1895, les libéraux à Vienne, en Autriche, ont connu une faillite morale en élisant à la tête de la mairie un maire antisémite. Il y a eu ensuite la montée des partis de masse totalitaires. Le danger pour les gens qui se sentent isolés est d'y adhérer.

Il faut réinsuffler une substance démocratique dans les institutions. Wolfgang Schäuble distille le fatalisme en annonçant qu'il ne changera rien au niveau de la politique grecque.

Il n'y a pas de droits politiques sans droits sociaux. Il n't a pas de droits politiques sans la participation des citoyens.

« Eh bien ! vous, vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine… et la misère humaine s’est réveillée avec des cris, elle s’est dressée devant vous, et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli. » Jaurès 1893.

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